Nous apprenons avec une infinie tristesse le décès d’Arlette Jouanna. Elle était une amie. C’était pour nous un maître, un exemple. Elle avait toutes les qualités humaines et professionnelles que nous souhaitons à tous, historiens et historiennes. Nous nous permettons, en son honneur, de redonner le compte rendu que nous avions publié en 2014. Que la mémoire de cette grande dame de l’Histoire reste vivante dans nos esprits et nos travaux pour les décennies et décennies à venir !
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Avec plus d’un an de retard – pardon ! – j’ai pu savourer, ces dernières semaines, ligne à ligne, page par page, la splendide synthèse que Madame Arlette Jouanna a donnée au public sous ce titre :
Le pouvoir absolu. Naissance de l’imaginaire politique de la royauté[1]
« Pouvoir absolu » : c’est, il me semble, la première fois qu’un auteur transgresse la vulgate historique qui impose le terme d’« absolutisme » pour désigner le régime de la France, des rois Valois-Angoulême et Bourbons, de François Ier à la Révolution française. Pour autant elle ne se résout pas non plus à l’expression de « monarchie absolue ». Le fil conducteur pourrait être l’opposition classique entre cette dernière et le/les « Parlement(s) » de France, tant les sources « parlementaires » (institutionnelles ou individuelles) sont mises à contribution de chapitre en chapitre. Et pourtant, la nouveauté du point de vue est évidente. On sent ici, tout simplement, à la fois la fidélité de l’auteur à Roland Mousnier, son maître, et sa prise en compte des débats ultérieurs (aux travaux de son directeur de thèse) ainsi que sa conscience de l’évolution historiographique. En fait, après maintes tentatives plus ou moins adroites, il s’agit d’aller tout au fond du problème que pose cette « monarchie » française, d’en éclairer les données historiques pour en extraire enfin une problématique purement politique. La réflexion dépasse donc les circonstances pour atteindre à l’intemporel. Continuer la lecture de In memoriam : Un plaisir absolu
